« En Chine ou aux États-Unis, où la flotte de véhicules autonomes en circulation est la plus importante, les progrès sont très rapides et réguliers. » Y .R. Sécurité et fiabilité : quels enjeux ? YANNICK RAYNAUD Directeur Scientifique & Innovation, OPmobility Comment évaluez-vous la sécurité des véhicules connectés et autonomes aujourd’hui ? Yannick Raynaud. Les grands enjeux des véhicules connectés sont ceux liés à la cybersécurité et à la protection des logiciels. Les réglementations sur la cybersécurité des véhicules routiers sont mondiales et sont notamment portées par l’ONU/ISO (1). Elles imposent que des mesures soient mises en œuvre par les constructeurs pour garantir la cybersécurité liée aux véhicules, pour détecter et répondre aux incidents de sécurité dans les flottes et pour fournir des mises à jour de logiciels sûres et sécurisées, et ce, pendant toute la durée de vie du véhicule. C’est un changement majeur. Pour les véhicules autonomes, là en revanche les réglementations et interprétations sont diverses. En Chine ou aux États-Unis, où la flotte de véhicules autonomes en circulation est la plus importante, les progrès sont très rapides et réguliers. Quels sont les enjeux de sécurité propres aux véhicules autonomes par rapport aux véhicules traditionnels? Y. R. Le principal enjeu réside dans la cohabitation sur route ouverte. Il s’agit de garantir que les piétons et les autres véhicules « dialoguent » efficacement avec les véhicules autonomes, pour éviter tout danger. Cependant, cela suppose une bonne acceptation de ce type de véhicule et de l’intelligence artificielle en général. Il est donc essentiel de fournir aux citoyens toutes les clés de compréhension nécessaires pour faire évoluer la perception générale et assurer la sécurité de tous. Quels défis particuliers rencontrez-vous en matière de réglementation et de cybersécurité? Y. R. Il existe toujours un décalage entre la réglementation et la réalité. Les cybercriminels vont souvent au-delà des capacités des protections en vigueur. Par conséquent, les constructeurs et les équipementiers doivent anticiper ces menaces. Avec l’émergence de nouvelles technologies, telles que les calculateurs quantiques qui exploitent les principes de la physique quantique pour effectuer des calculs complexes beaucoup plus rapidement qu’un ordinateur classique, il est crucial de renforcer les mesures de protection. Cela est essentiel pour garantir la sécurité des véhicules, des personnes et des entreprises, dans ce que l’on appelle la cryptographie post-quantique. Comment envisagez-vous l’avenir dans le secteur des véhicules autonomes, compte tenu des évolutions technologiques et des business models? Y. R. L’avenir sera multiforme, c’est une certitude. Certains acteurs évolueront plus rapidement que d’autres. Le transport de biens continuera de croître, mais la question du transport de personnes reste ouverte et dépendra de son acceptation. En matière de technologies, dès qu’un modèle économique dédié émerge, comme ceux de Zoox, de Waymo ou de Baidu, en Chine, de nouvelles perspectives et opportunités s’ouvrent. Déjà présente dans 19 villes avec une zone d’exploitation de 600 km2, la Chine accélère, dès cette année, le déploiement de cette technologie, tant pour la mobilité légère que pour la mobilité lourde. Par exemple, dans quelques années, nous pourrions voir l’apparition de phares infrarouges améliorant la vision nocturne en projetant des faisceaux invisibles à l’œil nu. C’est un futur plein de promesses pour les jeunes ingénieurs! L’EXPERT — (1) Organisation internationale de normalisation.
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